Ce voyage a été l’occasion de découvrir le bouddhisme tel qu’il est pratiqué par la population de la vallée de la Spiti. Mais plutôt que d’employer le verbe « découvrir », je devrais dire plus modestement que nous n’avons fait qu’entrevoir au cours de notre séjour les pratiques religieuses et les modes de vie. Les habitants de cette vallée sont très accueillants, ils sont souriants, ils s’empressent toujours de dire bonjour : « julai, julai !». Mais ils sont aussi et surtout très discrets. Ils se confient très peu et n’ouvrent pas facilement leurs maisons aux visiteurs de passage. Il est évident qu’il faudrait passer plus de temps sur place ou effectuer plusieurs séjours afin d’établir des relations de confiance. Pour ma part, je reviendrai dans cette vallée, c’est certain. Par contre, tout le monde ne pourra pas en faire de même. Par conséquent, je vais tenter ici de donner un éclairage, d’une part sur la base de ce que nous avons vu et des informations que nous avons pu recueillir nous-mêmes et d’autre part en m’appuyant sur des lectures très ciblées que j’ai pu faire au retour. J'ai beaucoup apprécié l'aide que m'ont apporté trois ouvrages en particulier qui sont hautement instructifs et passionnants : "Himalaya bouddhiste" de Matthieu Ricard, Olivier et Danielle Föllmi, "Padmasambhava" de Philippe Cornu et le très célèbre "Livre des morts tibétains" qui est un texte rédigé par Padmasambhava. J'ai lu une version récente, traduite et commentée par Philippe Cornu.
La tradition bouddhiste de l’Inde himalayenne est désignée communément par les termes de « bouddhisme tibétain ». Le bouddhisme s’est répandu dans la vallée de la Spiti depuis le Tibet aux alentours du VIII ème siècle. Le bouddhisme a été introduit au Tibet une première fois au VI ème siècle, sous le règne du roi Songtsengampo. Deux des épouses du roi, l’une d’origine chinoise, l’autre népalaise, étaient bouddhistes. Puis après une période de déclin durant laquelle la religion locale a repris le dessus, le bouddhisme s’est imposé de nouveau au VIII ème siècle sous le règne du roi Trisondétsen. Ce roi a invité dans son royaume de grands maîtres bouddhistes originaires de l’Inde, dont Padmasambhava. C’est donc depuis le Tibet et grâce à l’entreprise de prosélytisme initiée par Padmasambhava, que le bouddhisme s’est répandu également dans les régions voisines, dont la vallée de la Spiti.
Le bouddhisme tibétain fait partie de la tradition du Mahâyâna (le « Grand Véhicule ») et du Vajrayâna (« Véhicule du Diamant »). La voie suivie est celle des tantrâ qui préconise pour atteindre l’Eveil un certain nombre de méthodes spécifiques mises en oeuvre au cours de la méditation, de la pratique du yoga, de rituels, etc.
Plusieurs écoles sont présentes dans la vallée : les écoles Gelug (les « Bonnets Jaunes », école à laquelle appartient le Dalaï Lama), l'école Nyingma (ou école des « Anciens ») et l'école Sakyâ. On dénombre dans la vallée une vingtaine de monastères pour les Gelugpa, une petite dizaine de monastères pour les Nyingmapa et deux seulement pour les Sakyapa.
Bien évidemment il existait dans le Spiti une vie religieuse avant le bouddhisme. On désigne la religion qui prévalait autrefois par le terme de bön. Le bön se caractérise par des pratiques animistes et chamanistes. Le bouddhisme s’est imposé mais il n’a pas fait disparaître le bön. Des éléments foncièrement incompatibles ont disparu, comme par exemple les sacrifices d’animaux. Mais c’est surtout un syncrétisme qui a vu le jour, bouddhisme et bön se sont mélangés et influencés mutuellement. Selon certains auteurs, ce syncrétisme procèderait de la stratégie suivie sciemment par Padmasambhava pour faire adopter le bouddhisme. Le grand maître n’aurait pas cherché à éradiquer des croyances locales très fortement ancrées, mais il se serait appuyé sur celles-ci pour mieux inculquer et faire comprendre son enseignement.
Le col ou passe de Kunzum est notre tout premier contact avec le bouddhisme juste avant l’entrée dans la vallée. Stupas et drapeaux de prières accueillent les voyageurs au sommet du col. Il y a aussi ce petit temple dédié à la déesse Kunzum La. Qui est cette déesse ? Ce serait une déesse locale, peut-être une divinité de la religion bon ? Notre guide hindou nous dit qu’il s’agit d’une forme de la déesse Durgâ. Notre deuxième guide qui est bouddhiste rend hommage lui aussi à la déesse. Au premier passage, c'est-à-dire à l’aller, je n’avais pas vraiment fait attention, mais au retour je m’arrête longuement devant l’amas de pierres gravées que l’on appelle des mani. Les mani servent de supports aux mantrâ bouddhistes. Cette pratique qui consiste à graver des pierres, aurait son origine dans la religion bön. On trouve ailleurs dans la vallée des pierres sur lesquelles figurent des écritures et dessins qui ne sont pas en rapport avec le bouddhisme. Les dessins représentent souvent des ibex (ou bouquetins), qui sont des animaux emblématiques du chamanisme.
La tradition bouddhiste de l’Inde himalayenne est désignée communément par les termes de « bouddhisme tibétain ». Le bouddhisme s’est répandu dans la vallée de la Spiti depuis le Tibet aux alentours du VIII ème siècle. Le bouddhisme a été introduit au Tibet une première fois au VI ème siècle, sous le règne du roi Songtsengampo. Deux des épouses du roi, l’une d’origine chinoise, l’autre népalaise, étaient bouddhistes. Puis après une période de déclin durant laquelle la religion locale a repris le dessus, le bouddhisme s’est imposé de nouveau au VIII ème siècle sous le règne du roi Trisondétsen. Ce roi a invité dans son royaume de grands maîtres bouddhistes originaires de l’Inde, dont Padmasambhava. C’est donc depuis le Tibet et grâce à l’entreprise de prosélytisme initiée par Padmasambhava, que le bouddhisme s’est répandu également dans les régions voisines, dont la vallée de la Spiti.
Le bouddhisme tibétain fait partie de la tradition du Mahâyâna (le « Grand Véhicule ») et du Vajrayâna (« Véhicule du Diamant »). La voie suivie est celle des tantrâ qui préconise pour atteindre l’Eveil un certain nombre de méthodes spécifiques mises en oeuvre au cours de la méditation, de la pratique du yoga, de rituels, etc.
Plusieurs écoles sont présentes dans la vallée : les écoles Gelug (les « Bonnets Jaunes », école à laquelle appartient le Dalaï Lama), l'école Nyingma (ou école des « Anciens ») et l'école Sakyâ. On dénombre dans la vallée une vingtaine de monastères pour les Gelugpa, une petite dizaine de monastères pour les Nyingmapa et deux seulement pour les Sakyapa.
Bien évidemment il existait dans le Spiti une vie religieuse avant le bouddhisme. On désigne la religion qui prévalait autrefois par le terme de bön. Le bön se caractérise par des pratiques animistes et chamanistes. Le bouddhisme s’est imposé mais il n’a pas fait disparaître le bön. Des éléments foncièrement incompatibles ont disparu, comme par exemple les sacrifices d’animaux. Mais c’est surtout un syncrétisme qui a vu le jour, bouddhisme et bön se sont mélangés et influencés mutuellement. Selon certains auteurs, ce syncrétisme procèderait de la stratégie suivie sciemment par Padmasambhava pour faire adopter le bouddhisme. Le grand maître n’aurait pas cherché à éradiquer des croyances locales très fortement ancrées, mais il se serait appuyé sur celles-ci pour mieux inculquer et faire comprendre son enseignement.
Le col ou passe de Kunzum est notre tout premier contact avec le bouddhisme juste avant l’entrée dans la vallée. Stupas et drapeaux de prières accueillent les voyageurs au sommet du col. Il y a aussi ce petit temple dédié à la déesse Kunzum La. Qui est cette déesse ? Ce serait une déesse locale, peut-être une divinité de la religion bon ? Notre guide hindou nous dit qu’il s’agit d’une forme de la déesse Durgâ. Notre deuxième guide qui est bouddhiste rend hommage lui aussi à la déesse. Au premier passage, c'est-à-dire à l’aller, je n’avais pas vraiment fait attention, mais au retour je m’arrête longuement devant l’amas de pierres gravées que l’on appelle des mani. Les mani servent de supports aux mantrâ bouddhistes. Cette pratique qui consiste à graver des pierres, aurait son origine dans la religion bön. On trouve ailleurs dans la vallée des pierres sur lesquelles figurent des écritures et dessins qui ne sont pas en rapport avec le bouddhisme. Les dessins représentent souvent des ibex (ou bouquetins), qui sont des animaux emblématiques du chamanisme.
Col de Kunzum : rangée de trois stûpas et dans le prolongement au fond le temple de la déesse
Le stûpa (ou chorten) qui peut contenir des reliques, symbolise au travers de son architecture : la Terre, l'Eau, le Feu, l'Air et l'Ether. Il représente aussi la progression vers l'Eveil.
Stûpa
Les drapeaux de prières auraient un point commun et peut-être même leur origine dans l'ancienne religion bön. Une pratique consistait à suspendre de la laine sur les branches des arbres en guise d'offrande et pour attirer la chance. Les drapeaux sont censés diffuser prières et bénédictions dans toutes les directions. Les adeptes qui font imprimer et suspendent des drapeau s'attirent des mérites.
Foisonnement de drapeaux de prières
En entrant dans la vallée, nous passons sous un portique décoré des huit symboles bouddhistes : la fleur de lotus, le parasol, les deux poissons dorés, la conque, la roue du dharma, la bannière de la victoire, le vase, le noeud sans fin. La roue du dharma (ou dharmachakra) se trouve à la fois sur un des piliers (en bas à droite) et aussi au sommet.
Voyons ce que signifient tous ces symboles, sachant qu'il ne s'agit que d'une première approche. Les interprétations peuvent être différentes d'une tradition bouddhiste à une autre, d'une école à une autre, d'un interlocuteur à un autre. Il sera intéressant par la suite en retournant sur place de recueillir les interprétations directement de la bouche de lamas (les "prêtes" ou "gourous" bouddhistes) et d'adeptes.
Le symbole le plus important est celui de la roue qui représente la loi bouddhiste (dharma), c'est à dire l'enseignement du Bouddha. Le parasol symbolise la protection. Les deux poissons symbolisent les êtres humains qui pratiquent le dharma (ils sont comme des poissons dans l'eau, ils ne se noient pas dans l'océan de souffrance). La conque évoque la voix du Bouddha ou le son de la Loi. La bannière : la victoire de Bouddha sur le démon Mara qui représente la passion, la peur de la mort, la fierté et la luxure. Le vase est rempli de choses précieuses et sacrées qui assurent une longue vie et l'abondance tant sur le plan temporel que spirituel. Le noeud sans fin illustre la dépendance et l'interdépendance de tous les phénomènes.
Portique de bienvenue
Le premier monastère qui se trouvait sur notre itinéraire était celui de Kye. Il s'élève au sommet d'un monticule sur lequel s'accrochent les maisons du village.
Ce monastère appartient à la lignée des Gelug issue de l'école Kadampa, qui est apparu suite à une réforme aux XIVème et XV ème siècle. Cette réforme, initiée par Tsongkhapa Lobzang Trakpa, met l'accent sur la discipline monastique et l'étude des textes. Gelug signifie la "Tradition Vertueuse". Le disciple du grand maître fondateur, Guendun Droup, fut le premier Dalaï Lama.
Monastère de Kye
Portique du monastère de Kye
Les monastères de la vallée reçoivent des dons du monde entier. Plusieurs monastères ont pu être ainsi restaurés et même agrandis. Le Dalaï Lama lui-même est venu au monastère de Kye au mois d'août de l'année 2000 pour inaugurer un nouvel hall de prières.
Le Dalaï Lama était attendu aussi par des milliers d'adeptes pour présider une cérémonie, nommée "Kalachakra", une forme d'initiation caractéristique du bouddhisme tibétain. Lors de cette cérémonie, le maître spirituel procède à une transmission de pouvoir, le "wang", qui permet aux adeptes de pratiquer la méditation en appliquant des méthodes particulières qui sont censées mener à l'accomplissement. Philippe Cornu, dans son ouvrage consacré à Padmasambhava, décrit ainsi les moyens employés : " Très variés, ils comprennent entre autres la visualisation de déités de pratique, ou Yidam, la récitation de mantras, formules qui condensent l'essence des déités en sons, l'exécution de gestes symboliques ou mudrâ, des rituels complexes, l'élaboration de mandalas, l'utilisation d'objets rituels et des danses sacrées". Les deux principales méthodes, poursuit Philippe Cornu, consiste "à visualiser une déité ("Yidam") et à réciter son mantra" . Les déités représentent "des archétypes de l'Eveil, des Bouddhas répartis en cinq classes ou familles selon leurs qualités respectives ... Quand le yogi réalise enfin que sa vraie nature n'est pas différente de celle de la déité, il atteint la libération".
Plaque commémorative placée à l'entrée du monastère
Dans la plupart des cas il est interdit de prendre des photos à l'intérieur des monastères. Donc, nous n'avons pas de photos des salles du monastère de Kye. Là encore, il nous faudra revenir et faire un travail sur le long terme pour tenter de gagner la confiance des moines, notamment en démontrant notre intérêt profond et sincère.
Hall de prières
Nous découvrons ce chorten dans le village de Kibber qui me fait penser a priori à des pratiques chamanistes, du fait notamment du crâne d'ibex aux cornes démesurées posé à sa base.
Chörten et crâne d'ibex
Le bouddhisme a son drapeau. Le drapeau bouddhiste a été créé au XXème siècle. Il a été adopté en 1950 dans un premier temps par 26 nations. Aujourd’hui, une cinquantaine de nations arborent ce drapeau.
Les six couleurs du drapeau ont chacune une signification. Le bleu est le symbole de la méditation, le jaune clair symbole de la « juste pensée », le rouge symbole de l’ « énergie spirituelle », le blanc symbole de la « foi sereine », la couleur orangée symbole de l’intelligence. La dernière bande verticale reprend les cinq couleurs. Elle représente une synthèse et symbolise la non-discrimination.
Chaque village possède son monastère ou gompâ. Ici le gompâ de Kibber.
Le gompâ du village
Rangée de stûpas devant le monastère de Kaza
Bhouddha géant près du village de Langza
A Kaumik on peut visiter le gompâ de Tangyud qui appartient à l'école Sakya. Il y a deux bâtiments, l' un date du XIV ème siècle et le deuxième est d'époque récente. Le gompâ de Tangyud, qui porte le nom d'un traité tantrique, s'élevait initialement dans un village des environs, Hikkim. Il a été déplacé à Kaumik suite à un tremblement de terre survenu en 1975.
Monastère à Kaumik (nouveau bâtiment)
Nous avons pu assister dans ce gompâ à une pûjâ. Mais seuls les hommes ont pu y assister, l'entrée était interdite aux femmes. Pour quelles raisons ? On nous a répondu que les femmes étaient plus exposées face aux démons. Dans le bouddhisme tantrique on convoque les démons durant les cérémonies. Les êtres maléfiques sont donc censés être nombreux en ce lieu.
Le gompâ de Tangyud (village de Kaumik)
Le boddhisattva est un personnage qui a atteint l'Eveil mais qui renonce à la libération définitive afin d'aider les êtres humains sur la voie de la délivrance. La compassion, que personnifie le boddhisattva, est une notion centrale dans le Mahâyâna et le bouddhisme tibétain.
Avalokiteshvara est un boddhisattva. Son nom signifie : "celui qui regarde vers le bas avec compassion".
Maitreyâ, le Bouddha du futur
Représentation d'un maître spirituel
Mur de mani dans la montagne